Plantes médicinales pour le soin de la famille au Burkina Faso par Jean-Pierre NicolasDate de publication: 2009
L’utilisation de matières premières d’origine naturelle en général, et provenant des plantes médicinales en particulier, est une pratique très ancienne au Burkina Faso comme dans toute l’Afrique au sud du Sahara. Cette pratique est le fondement de la médecine traditionnelle, partie intégrale de la culture des Burkinabè dont 80 % y ont encore recours en première intention. L’avènement de la
médecine moderne n’a pas réduit la confiance placée en elle par les populations rurales, qui utilisent
couramment deux cents plantes pour le traitement des pathologies les plus fréquentes, y compris le paludisme, la drépanocytose, les affections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, les dermatoses et les affections opportunistes du VIH/sida. C’est ainsi que la collecte des plantes médicinales a suivi la croissance rapide de la population et des besoins thérapeutiques.
Malheureusement, la pratique médicale traditionnelle est très peu documentée et les infirmiers qui travaillent dans les centres de santé et de promotion sociale (CSPS) disposent de peu de documents pour encadrer les tradipraticiens de santé (TPS) et conseiller les patients. Il s’avère également nécessaire de penser maintenant à la rationalisation de l’usage de ces plantes non seulement pour assurer l’innocuité et l’efficacité des traitements traditionnels, mais également pour maîtriser les éventuelles interactions avec les médicaments conventionnels. La cellule familiale étant au centre de l’acquisition du savoir médical traditionnel, l’idée d’un formulaire thérapeutique adapté à ce contexte pour promouvoir l’usage rationnel des plantes médicinales semble opportune. L’initiative de l’ONG Jardins du monde doit donc être saluée à juste titre. Elle permettra au ministère de la Santé d’accroître ses outils opérationnels d’institutionnalisation de la médecine traditionnelle, conformément à la politique nationale adoptée en 2004. En outre, le fait que cet ouvrage soit illustré par des schémas et des images en facilitera certainement l’exploitation. Qu’il me soit permis de féliciter Jardins du monde
et de l’encourager à poursuivre ce travail de sensibilisation.
JEAN-BAPTISTE NIKIEMA
Professeur de pharmacognosie et de phytothérapie à l’université de Ouagadougou